A la recherche de NENETTE
Lorsque Dominique MENJOZ (plus connu sous le surnom de Massoud) m'a montré la photo d'une vieille chèvre qu'il surnommait NENETTE, je lui ai tout de suite dit qu'elle serait l'animal que je convoiterais lors de mon prochain séjour.
J'avais déjà chassé le chamois sans succès dans le Jura et avec succès dans le Cantal mais ces chasses ne correspondaient pas à l'idée que je me faisais de la quête de Rupricapra en montagne. Les Hautes-Alpes seraient donc un lieu d'initiation idéal.
Ce 27 octobre je me retrouve donc à 7 heures devant l'hôtel de la Fressinouse où m'attends Dom. Je charge mes affaires dans le Land et c'est parti pour 1/2 heure de 4*4 qui nous amène au pied des montagnes sur le territoire des Sauvas où vivent les belles antilopes des Alpes.
Commence une longue marche dans la forêt pour arriver sur un territoire plus montagneux avec des mélèzes, des pierriers et des pelouses où les chamois aiment vivre.
Nous nous arrêtons pour jumeler et rapidement Massoud repère des animaux c'est une femelle et son chevreau. Nous continuons et apercevons une belle chevrée et un superbe bouc qui est déjà en rut.
Nous marquons une pause car nous sommes sur le territoire de NENETTE. Soudain des voix retentissent et semblent s'approcher, c'est un couple de promeneurs qui nous suit, avec ses jumelles le guide déclare que la femelle mériterait peut être une cartouche mais lorsqu'elle passe à notre proximité, je constate que le jugement de Massoud est moins bon pour les humains que pour les chamois….
Nous laissons les promeneurs prendre de l'avance et espérons qu'ils feront bouger quelques animaux.
Après de longues recherches, NENETTE reste introuvable Dans les nombreux chamois qui nous entourent, une femelle semble attirer l'attention de mon guide. Son pelage clair alors que les autres animaux sont en pelage d'hiver laisse présager que c'est une vieille chèvre. Est-ce elle ? Dom n'en est pas certain mais ce sera notre animal de chasse.
Commence alors une longue observation de ce groupe d'animaux qui est à 400 mètres environ. Dans le télescope, Dominique identifie formellement une vieille femelle de + de 9 ans car même si le bracelet ISAF dans les Hautes Alpes permet de tirer une chèvre non suitée de + de 3 ans, il met un point d'honneur à ne faire tirer que des femelles âgées.
On se rapproche à la faveur d'un petit ruisseau et on arrive à environ 250 mètres de la chevrée, nouvelle observation et Dom est maintenant sûr de son coup, c'est à cet instant qu'il me demande de rentrer en scène.
Nous nous approchons à 200 m mais le petit mélèze sur lequel je prends appui n'est pas assez stable. La vieille femelle commence à s'agiter Massoud me demande donc de me caler contre un arbre 5 m devant moi, mon mouvement achève d'affoler les chamois et l'animal convoité disparaît derrière la colline.
Dom n'est pas inquiet car il sait que Rupricapra n'aime pas le versant opposé et il me demande de rejoindre un arbre plus solide d'où je pourrai m'apprêter à faire feu.
Un chevreau réapparaît avec sa mère et enfin la chèvre convoitée. Elle descend tranquillement puis s'immobilise, Dom me dit : « Quand tu veux ? », je prends ma respiration et appuie sur la queue de détente. Ma balle claque dans les rochers, MANQUE ! Je recharge la chèvre s'éloigne un peu mais s'arrête de ¾, la 2ème balle est la bonne.
Le temps s'est arrêté, mon chamois dévale la pente et reste bloqué par un rocher
Un simple regard et une franche poignée de mains avec le guide valent mieux qu'un cri de joie qui dénoterait avec le respect que nous avons pour ce superbe animal.
Il faut maintenant aller le chercher et la fine couche de neige freine notre progression.
Arrive l'instant de la rencontre, Massoud me laisse arriver le 1er sur la chèvre, un sentiment étrange s'empare de moi lorsque je la caresse, joie et tristesse se mêlent.
Le guide compte les anneaux d'âge, sur pied il m'avait annoncé 13 ans, elle en a 15, je vois alors dans les yeux de Dom qu'il est, lui aussi, triste et fier. Je suis admiratif de cet homme qui a tué et fait tuer tant de chamois et qui est toujours ému.
La traditionnelle séance de photos
est suivie de l'éviscération qui ne permet pas de trouver un bézoard. Pendant celle-ci un grand corbeau se pose sur les rochers attendant de pouvoir se nourrir des entrailles, un grand bouc se joint à lui est il là pour rendre un dernier hommage à l'une des ses compagnes ?
Il faut maintenant redescendre l'animal et s'est chargé de ce trésor que je suis Massoud jusqu'à la voiture. La fatigue renforce encore le respect que j'ai pour cette chasse et s'est promis si Dom me guide encore et si elle n'a pas encore rejoint le paradis des chamois, l'année prochaine je reviendrai pour ma quête de NENETTE !
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